Gisèle Pelicot : Pourquoi son combat pourrait changer à jamais le monde des femmes – si les bonnes personnes agissent maintenant

Gisèle Pelicot : Dans le processus d'Avignon, elle est devenue une héroïne féministe - qui doit changer pour que des changements durables puissent désormais suivre

Avertissement déclencheur : Attention, l'article suivant concerne les violences sexuelles faites aux femmes.


Le procès qui a tenu en haleine des millions de personnes cette année s'est terminé le 19 décembre 2024 - avec un verdict qui fera date : Dominique Pelicot, principal prévenu du procès, a été reconnu coupable du viol grave de Gisèle Pelicot condamné à 20 ans de prison. en prison. Pelicot a administré des médicaments à Gisèle, alors épouse, pendant près d'une décennie et l'a fait violer à plusieurs reprises par plus de 50 hommes avec lesquels il a réseauté en ligne. Au total, on estime aujourd’hui qu’il y a eu plus de 200 viols.

Au total, 51 personnes se tenaient à côté de Dominiqueau tribunal. Chacun (!) d’entre eux a été reconnu coupable d’au moins un crime, la quasi-totalité d’entre eux ayant été reconnus coupables de viol. Les peines de prison désormais annoncées vont de trois à 15 ans, deux des hommes étant condamnés à des peines avec sursis. Il s'agit d'un processus qui non seulement a fait le tour du monde, mais qui pourrait changer le monde des femmes de façon permanente - si les bonnes conséquences sont tirées dès maintenant.

Gisèle Pelicot : Votre décision de rendre public le processus d'Avignon a déclenché un mouvement féministe

Le Front féministe international, une organisation faîtière regroupant 85 collectifs féministes de huit pays, a salué la condamnation de Dominique Pelicot comme étant « historique », affirmant : « Dans un pays où seulement 10 pour cent des victimes de violences sexuelles les signalent et 94 pour cent de ces signalements sont démis de leurs fonctions « Dans un pays où les violeurs restent quasiment impunis, ce verdict est historique. »

Le procès est aussi historique car Gisèle Pelicot a décidé de rendre le procès accessible à la presse et ainsi son histoire pourra être suivie dans le monde entier. C'est également le cas en Allemagne, où...l’attention des médias s’est concentrée sur le sujet : les crimes sexuels ont augmenté de 6,2 % entre 2022 et 2023.

La Française a clairement expliqué dans divers communiqués de presse et déclarations devant le tribunal pourquoi Gisèle Pelicot a renoncé à son droit à l'anonymat : afin de protéger à la fois ses agresseurs et le grand système social qui continue d'autoriser ces actes et de les rendre systématiquement invisibles. Sa phrase « La honte doit changer de camp » est devenue la quintessence de ce combat qui ne doit pas se terminer au tribunal d’Avignon. « Il est temps que la société machiste et patriarcale qui banalise le viol change », a déclaré Pelicot.

De plus, le cas et les reportages de Pelicot ont mis en lumière les mythes entourant le viol et la violence contre les femmes qui contribuent à dissimuler le problème. Comme l'idée bien ancrée selon laquelle le viol n'est commis que par des hommes particulièrement visibles et monstrueux - une idée que l'on retrouve également dans certaines parties des reportages entourant le procès d'Avignon. Par exemple, lorsqu'on disait que le « Diable d'Avignon » était jugé. Comme s’il s’agissait d’un être qui n’était pas de ce monde. La réalité du procès a pourtant été claire : les accusés étaient des gens du milieu, des journalistes, des informaticiens, des infirmiers.

L'héritage du combat de Gisèle Pelicot a désormais besoin de conséquences politiques réelles

Nous vivons dans une société imprégnée de valeurs patriarcales ; une société dans laquelle les agressions sexuelles et le viol agissent comme un moyen d’oppression et renforcent les systèmes de pouvoir et de contrôle. La remise en question de ces systèmes, comme cela se produit à nouveau au moins en Europe et aux États-Unis grâce à Gisèle Pelicot, est menaçante pour beaucoup car elle nécessite une redistribution fondamentale du pouvoir.

Concrètement, cela signifie que les bonnes personnes doivent désormais tirer les bonnes conclusions. Cela est notamment dû au fait que de nombreuses femmes considèrent les peines prononcées comme trop clémentes. En France, les sanctions en cas de viol et d'agression sexuelle sont très variables. Les juges peuvent décider en fonction de l'âge de la victime et dud'imposer des peines allant de 15 à 30 ans en cas de viol et jusqu'à sept ans et 100 000 euros d'amende en cas d'agression sexuelle. Compte tenu de la nature extrême des crimes commis par Dominique, nombreux étaient ceux qui espéraient une peine d'emprisonnement à perpétuité.

L’autre problème sur lequel les reportages exceptionnels et la participation de tant de femmes aux manifestations autour du procès d’Avignon attirent implicitement l’attention est l’absence de ces questions dans la presse – et la faiblesse des taux de condamnation réels. Et pas seulement en France. Au Royaume-Uni, par exemple, le nombre de poursuites pour viol a chuté de 70 pour cent au cours des quatre dernières années, malgré un nombre record de cas signalés. En mars 2022, 70 330 cas de viol ont été signalés en Angleterre et au Pays de Galles, mais seulement 2 223 accusations ont été portées, soit un taux de poursuites d'un peu plus de 3 %.

L'association Women Against Violence eV rapporte des chiffres tout aussi choquants en Allemagne : « Selon une étude représentative (BMFSFJ 2004), 13 pour cent de toutes les femmes en Allemagne subissent des formes de violence sexuelle pénalement pertinentes. 10 pour cent ont été victimes d’un viol ou d’une tentative de viol. Dans le même temps, les recherches montrent que seulement 5 à 15 % environ des femmes qui ont été violées le signalent. (…) Les statistiques des poursuites pénales fournissent des informations sur le nombre de suspects condamnés. Le nombre moyen de cas de viol et de formes graves d’agression sexuelle signalés ces dernières années est inférieur à 10 pour cent. (…) » Globalement, sur la base de ces chiffres, on peut supposer qu'« une condamnation a effectivement lieu dans moins de 1 pour cent des cas ».

Le problème est donc à double tranchant : premièrement, les femmes doivent avoir le courage de dénoncer leur cas. Deuxièmement, l’ensemble de la chaîne de justice pénale doit créer un environnement dans lequel cela est réellement possible sans nouveau traumatisme inutile, sans coûts immenses pour les victimes et avec une perspective réaliste de condamnation de l’auteur. « La honte doit changer de camp » est une déclaration forte, mais la police, la justice et les hommes politiques doivent œuvrer pour garantir qu’il existe une marge de manœuvre pour provoquer ce changement social.

En France, le gouvernement a déjà fait les premiers pas pour créer cet espace. Les femmes peuvent désormais enfin facturer à leur assurance maladie légale les examens médicaux nécessaires après une suspicion de sédation ou une exposition involontaire à un médicament. Les victimes de viol en France pourront également déposer plainte à l'hôpital. À l'avenir, ce seront les forces de police qui devront se rendre auprès des victimes, et non plus l'inverse comme auparavant. Un meilleur soutien aux refuges pour femmes est également prévu, ont indiqué des représentants du gouvernement. En outre, le débat a été lancé pour inscrire dans la loi une règle du « seulement oui signifie oui » basée sur le modèle espagnol, qui fait des rapports sexuels sans consentement exprès un délit punissable.

Cependant, les experts et les militants des droits des femmes considèrent encore largement ces mesures comme inadéquates. Il faut également prévoir une formation spécifique et une formation continue pour le personnel policier et judiciaire afin de garantir une relation psychologiquement sûre avec les victimes de viol. On peut d’ailleurs discuter de ce que cela signifie lorsqu’un certain nombre de gros titres affirment désormais que le Processus d’Avignon apportera un changement « pour toutes » les femmes.

Car aussi utiles et importants que soient les débats que Gisèle Pelicot a initiés avec son ouverture sans merci, leur efficacité se limite aux territoires locaux. Il est peu probable que les femmes...ou danssont vraiment plus sûrs parce que de nouvelles lois sont adoptées en Europe centrale. Et même là, comme le soulignent également des associations indépendantes, toutes les femmes ne bénéficient pas de la même sécurité. Les femmes PoC, par exemple, continuent d’être confrontées au racisme de la part de la police et de la justice. Et même avant que cela ne soit signalé dans le domaine médical, les médecins étaient moins susceptibles de diagnostiquer correctement ou de prescrire des médicaments en raison d’un écart plus important en matière de santé entre les sexes.

Cela signifie avant tout : nous ne devons pas nous reposer après la victoire d'Avignon ni détourner le regard. Et notre engagement dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes peut prendre de nombreuses formes : qu'il s'agisse de soutenir en privé des survivantes, d'organiser et de participer à des manifestations, d'écrire aux députés, de faire des dons à des organisations - ou de diffuser davantage d'histoires comme celle de Gisèle.


Est-ce que vous ou quelqu'un que vous connaissez avez été victime de violence (sexualisée) ? SurInformations d'aideVous y trouverez des informations sur la procédure spécifique pour déposer une plainte et les centres de conseil importants.


Cet article a été créé avec des passages de texte de nos collègues GLAMOUR au Royaume-Uni.